Jean se souvient…
Paris 1978. Au volant de son taxi, il n’a que 25 ans, une gueule de voyou pour les hommes, une gueule d’amour pour les dames…
A l’arrière, il a chargé l’élégant Salomon Rubinstein, 84 ans, « Le Roi Salomon », qui après avoir fait fortune dans le prêt -à-porter, a décidé de « prodiguer ses largesses à ceux qui n’y croient plus… ».
Salomon embauche Jean comme chauffeur personnel. Peu à peu, Jean découvre la solitude du vieux Salomon, sa colère volcanique, ses amours mal éteintes avec Cora Lamenaire, une ancienne chanteuse réaliste qu’il a connu avant-guerre…
Dans la langue gouailleuse et malicieuse de Romain Gary (Ajar), c’est Jean, 25 ans plus tard, qui nous raconte sa rencontre miraculeuse avec Monsieur Salomon. Il nous entraine sur les trottoirs d’un Paris populaire, de la rue du sentier aux Champs-Elysées, dans sa course folle pour rattraper le temps perdu entre Salomon et Cora.
Après le succès de « La Promesse de l’aube », c’est à un nouveau voyage « initiatique et humoristique », que nous convie Bruno Abraham-Kremer, un mélo jubilatoire, entre Chaplin et les Tontons Flingueurs.
Extrait du texte…
« Je vous préviens que ça ne se passera pas comme ça. Il est exact que je viens d’avoir 85 ans.
Mais de là à me croire nul et non avenu, il y a un pas que je ne vous permets pas de franchir.
Il y a une chose que je tiens à vous dire, mes jeunes amis.
Je n’ai pas échappé aux nazis pendant 4 ans, à la Gestapo, à la déportation, aux rafles du Vél’ d’Hiv’, aux chambres à gaz et à l’extermination pour me laisser faire par une quelconque mort dite naturelle de 3ème ordre, sous de miteux prétextes physiologiques.
Les meilleurs ne sont pas parvenus à m’avoir, alors vous pensez qu’on ne m’aura pas par la routine.
Je n’ai pas échappé à l’holocauste pour rien, mes petits Amis.
J’ai l’intention de vivre vieux, qu’on se le tienne pour dit ! »
On ne comprendra absolument jamais rien à mon œuvre si l’on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d’abord des livres d’amour.
Romain Gary