Sur le fil, entre la performance et une pièce de théâtre.
A l’entrée de la salle, les spectateurs reçoivent un carnet de croquis, des fusains, des crayons, des gommes… ils s’installent sur le gradins ou autour de la petite estrade sur laquelle est posée une baignoire à sabot. Une femme, une modèle, entre. Elle se met nue et s’installe devant eux…
Nu dans le bain place le spectateur dans un temps du présent de plusieurs séances de pose. Elle pose nue. Nous entendons sa pensée entrecoupée de silences pendant lesquels on entend parfois que les coups de fusain…
Le temps réel s’est arrêté. Nous sommes dans autre un temps…
Mon désir est d’interroger les correspondances entre la peinture et le théâtre, entre l’acte de se mettre à nu en posant pour des dessinateurs ou des peintres et la mise à nu de l’acteur, cet « aveu de soi » disait Jouvet.
Poser – le temps des poses – ce temps qui arrête le temps – nous place dans un autre temps - Etre nue sous le regard des autres – l’incongruité d’être nue - une exposition de soi en direct - Dépouillée du costume – de ce qui cache - la vérité d’un corps – tricher n’est pas possible - le corps parle de lui-même –- le corps se confie – le corps révèle.
Elle pense.
Elle passe du coq à l’âne.
Elle tire un fil de sa pensée, puis deux, puis trois, nous la suivons dans sa recherche, sur le chemin ou sa curiosité l’entraine.
Un voyage intérieur.
Avec légèreté, humour,
Avec joie.
Comme l’amante de Bonnard.
Elle est comme ça, nature, cash.
Elle nous entraine dans la plongée qu’elle entreprend dans un univers qu’elle ne connaît pas et qu’elle apprend à découvrir.
Une mise à nue d’elle-même aussi.
Une mue d’elle-même aussi.
Parce que vivante, tout simplement.
La rencontre avec un être qui nous rend vivant.
Nu dans le bain.
David Géry