NOTE D'INTENTION
Le terme de "logique imperturbable du fou" provient d’une phrase dans le roman de Lydie Salvayre, que j’ai adapté au théâtre "La Compagnie des Spectres". Longtemps ces mots m’ont interpellée. Et puis l’esprit se focalise, s’inspire, la question devient obsession, et l’obsession, spectacle. Je veux explorer dans les franges de ce qu’on appelle « folie », les endroits qui frottent avec l’absurde, la poésie, la déraison. Ce spectacle sera un collage, et, comme je l’ai fait dans des Gens d’après Raymond Depardon, un montage inspiré du documentaire en grande partie, mais mixé, mélangé, fondu dans le « grand texte » de Shakespeare, à Tchekhov, Racine, Kafka, Lewis Carroll, Gogol et d’autres. L’idée n’est pas tant un patchwork qu’un assemblage si tenu qu’on n’en saurait distinguer les provenances, tout en y reconnaissant furtivement certains
accents.
Il y aura du texte, mais le "fou" que nous sommes, a un corps, ses arythmies, ses pertes d’équilibre qui seront l’objet d’un travail physique très présent. Des duos, des trios chorégraphiés. Je m’inspire également du travail du plasticien Liu Bolin, dont le corps caméléon, disparaît sur les murs, la nature les rayonnages de supermarché.
Les acteurs sont très jeunes, et portent en eux, malgré eux, ce presque regret de quitter une enfance ou les folies sont apparentées au jeune âge. Ils apprennent à marcher comme des adultes raisonnables. Ils s’essaient, balbutient encore, avec l’énergie de l’immortalité.
Zabou Breitman
EXTRAITS DE PRESSE
Metteuse en scène de Topor ou de Feydeau, la Breitman a un sens très fin du burlesque, du jeu sur les proportions qu’il suppose, et de la précision de rythme et de jeu qu’il requiert. Elle a formidablement bien choisi et dirigé ses quatre jeunes comédiens, Antonin Chalon, Camille Constantin, Rémy Laquittant et Marie Petiot. Jamais ils ne lâchent la note de cet hyperréalisme aérien, de cet humanisme sans grandes orgues, qui font tout le prix de ce spectacle promis à une grosse tournée lors de la saison 2018-2019.
Le Monde – Fabienne Darge
Le talent de Zabou Breitman est d’en faire une comédie au charme rare entre apparitions incongrues, personnages tirés vers le fantastique de Lewis Carroll et situations quotidiennes où le moindre détail devient un enjeu considérable.
Télérama