Zazie dans le métro de Raymond Queneau, vous connaissez ? Oui. On connaît. Tous.
Mais connaît-on vraiment ?
A-t-on en mémoire le parcours fantaisiste et dangereux de cette fillette de province lâchée dans Paris, qui rêve de métro et de bloudjinn ?
Cette petite fille, qui a échappé aux attouchements de son père, tué in extremis à coups de hache par sa mère, et aux tentatives de papouilles zosées par son beau-père ?
Cette fillette confiée à son oncle Gabriel dont on dit qu’il est hormossessuel, et auprès duquel elle est sûrement en sécurité, ce tonton Gabriel transformiste à Pigalle et plus doux que doux, Marcelline sa femme, qui devient Marcel, Mado P'tits Pieds derrière le bar, le perroquet, Turandot, le chauffeur de taxi, les multiples personnalités d’Aroun Arachide, la veuve Mouak, les satyres, le marché aux puces, et enfin le métro, certes, mais en grève.
Zazie c’est l’écriture brillante et libre de Raymond Queneau, dont Louis Malle avait su repérer l’élégance et l’originalité.
Zazie c’est un joyau dans la littérature française. Une bulle.
On rêve des gros mots. Comme Zazie, qui dit ce qu’on ne doit pas.
NOTE D’INTENTION
Avec le compositeur Reinhardt Wagner, nous avons collaboré sur Poil de Carotte, conte musical présenté fin 2019 à l’Opéra National de Montpellier. Ce fut le début d’une amitié professionnelle et humaine certaine.
Zazie dans le métro est le bouquin qui a accompagné mes 5/15 ans. Et plus largement une partie de ma vie, ainsi que d’autres oeuvres de Raymond Queneau.
Mon père était un adepte. Avant Zabou, pour Isabelle, j’ai eu Zazie.
Tout dans ce roman m’a toujours emmenée. Sa liberté, d’abord. L’immense liberté de cette petite fille, qui dit tout, même ce qui ne se dit pas. Surtout ce qui ne se dit pas. Ce que les adultes évitent.
Chaque mot, chaque endroit, chaque tournure est un régal d’humour, de poésie, et représente une chanson en devenir : Doukipudonktan, Tu causes tu causes, les papouilles zosées, martiens mon cul, etc.
Je conserverai l’action dans les années 60, et je compte rester près du déroulé de la narration.
Des années soixante vues par le prisme de notre époque.
La scénographie aura droit à ses à-plats affectionnés dans la télé de ces années-là, des différents plans, au jeu de découpes graphiques de panneaux, qui redimensionnent la scène.
Je souhaite le spectacle coloré, aussi émouvant que drôle, teinté de cette fausse légèreté qui parsème l’ouvrage et que promet la vie.
Le voyage initiatique de la petite Zazie, au milieu de ces personnages de conte, ancré pourtant dans du vrai de vrai, permet des échappées dansées, chantées…
Les acteurs/chanteurs/danseurs seront performants, précis et libres dans l’excellence de leur art.
L’argot, la truculence, les transformistes de Pigalle, l’hormossessualité de Gabriel, le ou la Marcel, les mon cul, les gros mots qui font la joie des petits et des grands, seront là, déclinés assumés, car si Zazie peut être grossière, jamais elle n’est vulgaire.
C’est toute la différence, celle que je veux m’évertuer à reproduire sur scène, dans la musique de Reinhardt Wagner, référence aux cabarets des années 60, en passant par Kurt Weill, jazz, java, et chansons réalistes.
Zabou Breitman
NOTE D’INTENTION MUSICALE
Le Paris des années 60 évoque et même inspire la couleur musicale et orchestrale de l’ensemble de la partition (guitares électriques, percussions, cuivres) en tentant d’éviter soigneusement un simple « À la manière de »…
Un orchestre de 6 musiciens paraît être la formation idéale pour ce conte musical.
Les chansons à une ou plusieurs voix vont nécessiter un bon niveau de lecture et de compréhension musicale, aussi les interprètes devront être aussi bons chanteurs qu’acteurs.
Si l’on devait évoquer un esprit référant pour Zazie dans le métro, nous pourrions citer entre autres, les compositeurs Kurt Weill, Jean Wiener, Hanns Eisler, la liste n’étant pas exhaustive.
Reinhardt Wagner